#Coronarticle 4

Aujourd’hui, j’ai dû aller chercher un colis à la Poste. Action en temps normal on ne peut plus banale, elle prend une saveur différente en ces jours confinés. Faisant donc de cette expédition mon bol d’air frais du jour, j’enfourche mon vélo et m’élance dans les bras du soleil. Heureusement que lui continue de briller.

Évidemment, en cette période où rien ne fonctionne comme d’habitude et où toutes prédictions semblent impossibles, les horaires sont restreints et le personnel réduit. Et je n’étais pas la seule à vouloir mon colis. Séparés les uns des autres par une distance d’un mètre et par nos silences fatigués, mes compagnons d’attente et moi subissons le temps suspendu. Ce qui d’ordinaire ennuie par sa banalité devient une réelle péripétie, et l’occasion d’apprendre la patience.
Le coronavirus, ou l’aventure de l’attente.

Pendus aux lèvres des journalistes et autres experts scientifiques, le monde entier attend. Il attend les bonnes nouvelles d’un traitement miracle. Des courbes enfin descendantes de la propagation de la maladie. Des malades qui guérissent. Des écoles et restaurants qui réouvrent leurs portes, de la vie qui reprend son cours.

Douloureuse épreuve qu’est l’attente, elle requiert de voir avec la foi et non par la vue.

Et d’ailleurs, nous sommes aussi dans la période du Carême.
Le Carême, ce temps d’attente qui mène à la célébration de Pâques. Quarante jours mis à part pour vivre dans l’expectative, jusqu’à ce point culminant du calendrier mondial et de la foi chrétienne. De par le monde, des centaines de milliers de personnes font l’expérience du Carême comme un temps de dévotion et d’introspection particulières. Une démarche de foi qui se questionne sur la marche de la foi.
Car l’événement de Pâques marque un tournant important dans l’histoire de l’humanité, et un tel moment majeur mérite d’être vécu dans l’attente. La hâte. L’espérance.

Après une demi-heure d’attente, j’ai pu enfin entrer et récupérer mon colis. J’enfourche mon vélo et retrouve avec joie les rayons du soleil comme récompense. Pédalant de soulagement vers mon chez-moi, j’ai longé la longue succession d’âmes en attente qui s’étirait devant la Poste. En attente, en quarantaine, en Carême même. (Certains appellent aussi cette saison liturgique la Sainte Quarantaine…)

À l’heure où la planète est en quarantaine subie, nous placerons-nous en quarantaine choisie ?
Saura-t-on puiser l’espérance dans ce qui peut apporter une délivrance certaine?

* Photo : AFP / Jean-Philippe KSIAZEK

2 commentaires sur « #Coronarticle 4 »

  1. Je travaille à la poste
    Je n’ai pas eu le choix: je suis au front, obligée de servir des clients peu scrupuleux voire rebelles qui viennent pour acheter un timbre ( ça s’achete en ligne) et retirer (en confinement on est livré chez soi puisqu’on est confiné non?) ou envoyer un colis ( on peut l’envoyer de chez soi en le mettant dans la boîte à lettres) on n’avait pas dit: «déplacements autorisés pour les opérations vitales?! »
    J’ai à servir des clients qui ralent comme si tout était normal en temps normal; qui s’insultent et se font des doigts d’honneur; qui disent que le service public est scandaleux … le virus ? Nous avons déjà 4 clients décédés…et nous alors ?.. nous sommes immunisés puisque nous sommes fonctionnaires ?.. ou sont les remerciements ? Ou sont passées les questions essentielles et existentielles?
    L’individu a t il une conscience collective ? Une reconnaissance ? J’en doute ….les applaudissements du 20h me font grincer des dents
    Alors s’il vous plaît faites votre careme dans votre salon, votre vélo en foret, utilisez les outils informatiques et laissez nous souffler pour travailler le plus sereinement possible ( si cela est possible évidemment)

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    1. Bonjour Boyer,

      Merci pour votre commentaire. Je suis désolée que vous ayez à vivre cette situation et à en souffrir de cette manière. Je ne prétends pas pouvoir ne serait-ce que les défis et la fatigue de votre quotidien, mais sachez que j’en suis sincèrement désolée.

      Je vous demande pardon si mon article vous a offensé, là n’en était nullement l’intention. Je ne veux en aucun cas critiquer la Poste, ni qui que ce soit d’ailleurs, bien au contraire ! J’ai bien conscience que ce message ne va pas changer grand chose, pas plus que les applaudissements du soir ou les messages occasionnels du gouvernement, mais je me permets de vous remercier pour votre travail. Vous faites partie de ceux qui continuent de faire fonctionner le pays et j’en suis réellement reconnaissante.
      À nouveau, je vous présente mes excuses.

      Bien à vous.

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