Silence complet, immobile.
Arrêt des activités et de toutes fioritures.
Recentrement sur soi.
Aucune interaction avec les autres qui ne sont que lointaine présence autour de soi. Seul langage le souffle au rythme de pulsations intérieures.
Le vide.
S’agit-il là d’un récit de retraite spirituelle, temps de recueillement loin des affres de la vie active, tout en méditation et contemplation ?
Ou bien de cette étrange expérience du confinement que vit l’humanité en ce moment ?
Difficile à dire ; on laissera au lecteur le soin de choisir.
Ce week-end, j’ai lu un ouvrage sur Alexandra David-Néel, cantatrice exploratrice et auteure féministe, anarchiste, franc-maçonne et bouddhiste. (Et comme si cela ne suffisait pas, elle est aussi la première femme occidentale à entrer dans la cité interdite de Lhassa. Exploit unique et clandestin effectué en 1924, et à pied par-dessus le marché ! Et moi je fais quoi dans ma vie ? Hum hum.)
Mendiante au Tibet, ermite dans les montagnes indiennes, ou à la recherche de l’éveil spirituel sur les hauteurs de l’Himalaya, l’orientaliste a maintes fois choisi le confinement. Elle qui semblait invicible et insatiable de voyages, amoureuse de l’immensité de tous les possibles, elle a choisi le silence complet, immobile. L’arrêt des activités et de toute interaction. Le vide.
En otage d’elle-même.
Ascèse qu’elle subit volontairement accéder à un regard renouvelé. « C’est ça l’illumination, c’est d’arriver à voir des choses qu’on ne voyait pas auparavant. »
Alors, qu’est-ce que vous voyez ?
Silence complet, immobile.
Arrêt des activités et de toutes fioritures.
Recentrement sur soi.
Aucune interaction avec les autres qui ne sont que lointaine présence autour de soi. Seul langage le souffle au rythme de pulsations intérieures.
Le vide.
Quand tout est en pause et que nous restons silencieux, immobiles, arrêtés, vidés :
que reste-t-il ?
* Photo : Alexandra David-Néel